AMONT AGRICOLE Concentrationinéluctable selon Asterès

«L'agriculture est l'un des secteurs les plus innovants de l'économie et les plus agrégateurs de technologies, soient-elles spatiales, génétiques ou liées à l'intelligence artificielle », souligne Nicolas Bouzou, directeur du cabinet de conseil Asterès. Pour répondre à la nécessité de nourrir de plus en plus de gens, en tenant compte de la contrainte environnementale, il n'y a pas d'autre solution, selon lui, que d'investir davantage à tous les échelons la chaîne de valeur : semences, phytos, coopératives... Tous les fournisseurs doivent y passer. « L'économie est beaucoup plus capitalistique aujourd'hui qu'autrefois. La mutation du numérique est passée par là : le ticket d'entrée pour les nouvelles technologies est devenu élevé et la capacité des acteurs à lever des capitaux sera essentielle dans le secteur agricole », ajoute Nicolas Bouzou.

Il détaille la spécificité des coopératives, qui reposent par définition sur un réseau : « Le propre des effets de réseaux, c'est que plus ils sont gros, plus ils parviennent à attirer de nouveaux acteurs ! Cet effet boule de neige pousse les coopératives à grossir. » Cette concentration aboutit au constat suivant : les cinq plus grandes structures représentent 80 % du marché coopératif. Pour le secteur semencier et l'agrochimie, la concentration semble aussi inéluctable. « Les acteurs doivent avoir une taille importante pour concevoir de nouvelles technologies. Concernant l'intelligence artificielle, j'estime que l'Europe a pris un retard qu'elle ne pourra pas rattraper, conclut Nicolas Bouzou, Mais elle a peut-être encore une carte à jouer dans les technologies agricoles de pointe. »

Anne-Marie Laville

(1) Le rapport d'Asterès sur l'amont agricole, publié en février 2018, a été réalisé avec le concours du think thank agriDées et le soutien de Bayer.